Rencontre nationale du réseau des écoresponsables des lycées agricoles 2018
« Les jeunes ont aussi le pouvoir de changer les choses »
Près d’une centaine de lycéens et étudiants de l’enseignement agricole français, une délégation marocaine venue pour l’occasion et une cinquantaine d’encadrants se sont réunis durant trois jours dans les Vosges, à Luvigny. Il n’en fallait pas moins pour que cette intelligence collective fasse émerger treize propositions d’actions et de projets écoresponsables et ambitieux en faveur des sols et en réponse au changement climatique. Une délégation d’écoresponsables est d’ailleurs attendue pour présenter le fruit de ces journées de travail au Directeur Général de l’Enseignement et de la Recherche (DGER), M. Philippe Vinçon.
Ces actions ont été co-construites par toutes les voix citoyennes présentes et impliquées pour l’occasion dans des ateliers pratiques et réflexifs ainsi que lors de débats et temps de dialogues participatifs. L’objectif était d’encourager et d’étendre ces actions à toutes les échelles du territoire.
Du 20 au 22 novembre 2018, ces 3e rencontres co-organisées par le Réseau National de l’Education pour un Développement Durable (RNEDD), par Montpellier SupAgro (Institut de Florac), la DRAAF Grand Est, plus spécifiquement le pôle Education et animation du SRFD et la DGER (BVIE), perpétue une dynamique déjà longue des écoresponsables. Celle-ci essaime au niveau national mais aussi international (Cameroun, Maroc, Pays de l’Est), avec une réflexion menée autour de la COP21 et du changement climatique.
Le Grand Est, terre d’accueil des RNE3
Les jeunes participants et leurs encadrants ont trouvé, à Luvigny, un environnement idéal pour exprimer leur engagement écoresponsable. Ce lieu souhaité et choisi car éloigné de la ville était propice au « digital detox » (entendez par là pratiquement déconnecté de tout réseau). Il s’est révélé parfaitement approprié, proposant des infrastructures entourées à 360° de forêts, de cours d’eau et d’un sol voilé de neige. Dès l’entrée dans le bâtiment principal, les participants en conviendront, la météo intérieure était ensoleillée : motivation, bonne humeur, énergie volontariste et convivialité étaient au rendez-vous, contrastant avec le froid des premières neiges de l’année.
Parmi les douze établissements venus de toute la France, on pouvait compter cinq établissements d’enseignement agricole du Grand Est récemment intégrés au réseau, dont un privé. Rappelons que le mouvement régional a vu le jour, à la faveur de l’organisation des RNE3 sur son territoire. Soixante-dix jeunes, recrutés et sensibilisés aux initiatives en faveur du développement durables se sont fédérés en réseau Eco-G’est (Ecoresponsables du Grand Est) en avril 2018. Nul doute que ces jeunes, forts de ce partage d’expériences et de l’acquisition de nouvelles compétences, pourront continuer à faire vivre et renforcer leur engagement parfois tout juste naissant.
Pour relever le challenge qu’a représenté l’organisation de cet événement et favoriser sa réussite dans un esprit éco-événementiel citoyen, la DRAAF Grand Est et tout particulièrement son SRFD s’est fortement impliquée en menant de front la création du réseau des jeunes écoresponsables du Grand Est et son animation ainsi que la co-organisation de la rencontre. Dans cette optique, Julie Chavagneux, chargée de mission sur les questions de politiques éducatives au SRFD, s’est adjoint les compétences d’un jeune apprenti, Gaétan Courtois. Ensemble, au sein du pôle éducation et animation, ils ont établi un diagnostic régional, sensibilisé, recruté et fédéré les différents acteurs pouvant s’impliquer dans la dynamique du développement durable. Enfin, ils ont établi un cadre favorable à la création d’un réseau : les Eco-G’est. Les pratiques pédagogiques et éducatives participatives ont permis la prise d’autonomie progressive, le démarrage d’actions concrètes et l’émergence d’une véritable collaboration entre les établissements agricoles de la région sur les questions d’écocitoyenneté.
La parole à tous
Plus d’une demi-journée a été nécessaire pour introduire la rencontre, et pour cause : au-delà des discours d’introduction prononcés par les représentants des directions, services et réseaux organisateurs – Philippe Vinçon, DGER, Benoît Fabbri, directeur adjoint de la DRAAF Grand Est, et Sofie Aublin, animatrice du réseau national EDD (éducation pour un développement durable) - les jeunes ont disposé d’une tribune d’expression privilégiée ce premier après-midi. Les « anciens » sont venus transmettre l’histoire du réseau et réaffirmer leur engagement. La délégation de dix jeunes étudiants marocains a témoigné des actions menées dans leur établissement (le Fès City Collège) et a mis en avant les partenariats tissés avec les établissements agricoles français, en toute simplicité. Unissant leurs voix écoresponsables à celles de leurs homologues français, ils ont interprété un hymne co-écrit pour l’événement et avec le réseau. Enfin, de nombreux lycéens des établissements présents sont venus s’exprimer sur les projets engagés dans leurs établissements respectifs. Une véritable mise à l’honneur de projets, de démarches collectives, d’actions coopératives et solidaires qui a inspiré le rappel de ce proverbe africain « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».
Des productions facilitées par la dynamique collaborative de l’équipe adulte
La seconde journée a démarré par une conférence gesticulée et s’est poursuivie par une série d’ateliers stimulants et fédérateurs, autour de l’approche collaborative pour la construction de projets. La notion d’engagement s’est trouvé au cœur des discussions ; les jeunes se questionnant individuellement et collectivement, les adultes découvrant de nouveaux outils pour accompagner les démarches des jeunes. La notion de respect de l’autre est apparue extrêmement prégnante dans les propos des jeunes, en particulier : « on s’est rendu compte qu’il n’y a pas de petits ou de grands engagements, l’engagement est quelque-chose qui fait sens pour soi, puis dirigé vers les autres... ».
Enfin, la présence d’experts venus parler d’agriculture, d’alimentation saine et respectueuse de tous, mettant en lumière les démarches associatives et citoyennes, a permis de lever certains freins à la mise en œuvre de projets.
La meilleure démonstration étant celle de l’expérience, c’est donc les mains dans la terre que chacun s’est amusé à tester le champ des actions possibles : réalisation d’une butte de permaculture, fabrication de cosmétiques naturels, construction d’abris à insectes, de nichoirs, etc. La dimension sociale du développement durable n’était pas en reste, un atelier de pratique de la langue des signes a complété ce programme davantage agricolo-technique.
La bienveillance et le « bien travailler ensemble » ont également été facilités par une mise en lumière, en direct, des résultats et des valeurs. Pour cela, les organisateurs avaient mis les moyens : outre la réalisation d’une vidéo, Flore Vigneron, une illustratrice (qui proposait une modélisation graphique en temps réel) a travaillé à temps plein les deux premiers jours, essaimant au fur et à mesure ses croquis, portraits et citations. Une journaliste du magazine Globules, Christine Ternat, était également présente afin de réaliser sur place, avec les jeunes, un journal de quatre pages distribué à tous le jour du départ.
Journée conclusive : les jeunes écoresponsables assument leur « triple responsabilité »
Avant d’en arriver à la commande du DGER - la rédaction du plan d’actions des écoresponsables – les jeunes ont pris le temps durant toute la matinée conclusive de s’exprimer devant l’assemblée sur les apprentissages de cette rencontre – leurs rencontres. Tous se sont exprimés sur l’intérêt de celles-ci et sur la richesse des apprentissages tant sur le contenu des ateliers que sur les méthodes d’animation utilisées. Alors que certains rappelleront que les écoresponsables ne sont pas « la réunion d’une simple bande d’écolos », mais bien la vision de leur triple responsabilité, d’autres se feront entendre pour demander le décloisonnement des relations entre formateurs et élèves, et pour faire reconnaître la valeur du volontariat à l’origine de leurs initiatives. C’est ainsi qu’ils affirment, convaincus : « Les jeunes aussi ont le pouvoir ! ».
Sandra Zemouli, adjointe au chef du Bureau de la Vie scolaire, Etudiante et de l’Insertion (BVIE) insistera même, pour clôturer, sur la nécessité de trouver un juste équilibre entre liberté d’expression et responsabilité individuelle ; où comment se faire entendre, même au plus haut niveau.
Manifestement, les jeunes de l’enseignement agricole ont été compris, puisqu’à la suite de leur demande formulée lors des deuxièmes rencontres nationales, a été créée l’unité facultative « engagement citoyen », mise en œuvre pour la première fois durant l’année scolaire 2017-2018
Pour suivre l’aventure écoresponsable
Photos de l’événement
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